dimanche 15 mars 2009

aussi loin que

Je regardais aussi loin que je le pouvais et je voyais une jeune femme, une femme éternellement jeune, dans une robe de coton blanc. Je contemplais la ville et je ne voyais qu'elle. Je n'étais pas revenu ici depuis des années. Je me souvenais, tout revenait intact. Aujourd'hui tout était clair. J'avais cherché ma rédemption loin de cette route rocheuse. De temps à autre, après avoir invoqué les dieux et les fées, elle s'était laissée surprendre, je voulais croire qu'elle m'avait souri, qu'elle m'était apparue. Je n'avais jamais vu qu'elle dans toutes les femmes que j'avais croisées. Elles n'avaient jamais eu à s'en plaindre. Je ne leur avais jamais rien confié. Chaque fois j'avais fait semblant d'être gai, d'avoir eu plaisir à les rejoindre. Chaque fois, elles avaient ignoré les questions qui me rongent, les remords, les ravages, chaque fois, elles avaient déchiré davantage les lambeaux de mon être. Je restais là à regarder la route en contrebas, j'avais mal, j'avais peur qu'elle n'apparaisse plus puis en suivant quelques autos du regard, je reconnus l'auto rouge, celle qui l'avait fauchée, en bas du rocher. Je n'entendais plus rien ni le bruit des autos, ni le bruit des grillons. Je restais là, hébété, ma tête cognait, à éclater. "Monsieur, ça va, vous avez besoin d'aide ?" Le type de la station service me sortit de ma torpeur. Un peu plus tard dans la rue, elle apparut à nouveau, tandis que je faisais les cent pas, que j'allais et venais en attendant ma compagne, je vis quelqu'un en bas qui lui ressemblait étrangement, dans une robe très blanche et très légère, je reconnus ma bien-aimée qui s'avançait presque en dansant, qui faisait tout très exactement comme il y a vingt ans ce soir là avant l'accident.

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