mercredi 30 avril 2008

mon petit doigt me dit...

Je regarde ces mains et je ne les reconnais pas très bien. Je vois des mains sèches et blanches et je me souviens de mains potelées et courtes. Je n'aimais pas ces mains, j'enviais celles des pianistes, j'aimais regarder leurs mains s'agiter sur les pianos.
Je regarde ces mains calmes et réfléchies, je les vois s'agiter, nerveusement sur le papier, embarqués, entraînées dans un flot irraisonné.
Je regarde ces mains arrêtées, trahies par un léger tremblement qui attendent fébrilement le bon mot.
Je regarde ces mains aux ongles coupés trop court et je me souviens qu'hier je n'ai trouvé que des ciseaux de cuisine pour les couper. Je n'ai pas pris la peine de trouver un lime, j'ai oublié;
Je regarde ces mains et je me souviens de tout ce qu'elle ont touché de beau, de doux, de soyeux, de toutes les mains qu'elles ont serrées, chaudes, fermes, broyeuses d'os, sèches, fines, jeunes, ... de tous les gants qu'elles ont enfilés.
Je regarde ces mains tourneuses de pages, tricoteuses de mots, qui cachent une cicatrice à l'intérieur du pouce et un reste d'enfance dans le petit doigt.
Je regarde ces mains aux bagues démesurées, bijou de paladin en quête de prouesse ou armure de plâtre comme seule défense.
Je regarde ces mains aux lignes courtes qui prédisent ni mariage, ni longue vie. Je ne veux croire qu'au bonheur inventé par les diseuses de bonne aventure, tout le reste est fumisterie, c'est mon petit doigt qui l'a dit.

samedi 19 avril 2008

mardi 15 avril 2008

avec un grand A

Si l’autre est là, en face, et que je ne me sens plus démuni mais enrichi, plus désappointé mais enchanté, si quand il est avec moi, différent, décevant, déroutant, je ne cherche plus à le transformer, à l'inventer mais au contraire, j'aime qu'il se révèle, qu'il se dévoile, qu'il se cherche avec moi, si je cherche à mieux entendre ce qui est inententable , à mieux comprendre ce qui est incompréhensible, si j'aime ses défauts, ses faiblesses, si je livre mes armes et mes larmes, si je m'abandonne alors je suis prêt pour l’amour avec un grand A.

lundi 14 avril 2008

comme une image

seul on n’est jamais tant préoccupé par l’autre. seul on est rempli de l’autre, des autres, on se remplit du monde, de l’univers. seul on se laisse habiter, on laisse venir l’autre. on l’accueille, on le bichone, on voudrait le garder. on le fabrique à sa convenance. c’est quand l’autre est là, en face, qu’on est seul, seul face à lui, l’autre. seul, démuni, désarçonné, désappointé, toujours sur le qui-vive, flatté ? agressé ? charmé ? rien de plus difficile que l’altérité , là, quand elle se présente, différente, décevante, déroutante. de loin, seul, je l’avais vu autrement, je l’avais fait à mon image, je l’avais inventé de toute pièce, l’autre, mon beau miroir, ne serais-je pas déçu quand tu te révèleras, saurais-je jamais ta vérité, que veux-tu bien m’en dire, qu’en sais-tu toi même, qu’en entendrais-je ? qu'en retiendrais-je et combien encore pourrais-je te choyer, t’aimer, te façonner, te fabriquer, comme une image.

vendredi 11 avril 2008

signes de candeur

Malgré la guerre tout autour, malgré l’injustice du monde, malgré la maladie, la mort, les larmes... il pousse des fruits, il pousse des fleurs, des signes de vie, des signes de candeur. Certain préfère la dérision, l’ironie, le sarcasme, mais à force de rire jaune, le rire se fige en mépris, empêche tout, annihile tout. Je préfère garder cette part de naïveté, elle assure une part de mon avenir, et si cela fait sourire, qu’importe les raisons, c’est toujours ça de gagné.

samedi 5 avril 2008

La musique me trotte dans la tête, les mots lancent leurs signaux, discrètement d'abord et puis ils reviennent, ils tournent, indéfiniment, inlassablement ils tournent. Ils sonnent, ils résonnent, ils reviennent, ils me hantent, ils me narguent et ils ne me foutront la paix qu'une fois couchés sur le papier.

les mots et la musique

jeudi 3 avril 2008

les mots cueillis à la volée

Je suis devant mon ordinateur préféré, ami de toujours, ennemi intime, complice à jamais. Je suis là et je suis ailleurs. Mes doigts, plus vite que ma pensée, m’emmènent dans les recoins de ma mémoire, dans les plis les plus obscurs de mon enfance, déploient des rires et des larmes, oubliés depuis toujours. Mes doigts inventent des histoires selon un rythme qui s’impose. Les mots défilent et mes doigts effleurent les touches, sans y penser. La danse des doigts se prolonge un temps. Et puis plus rien, mes doigts s’immobilisent, mes yeux vont au dehors, cherchent un nouveau mot mais rien, la musique s’est tue.
La vie reprend son cours, les klaxons, les marteaux piqueurs, le verre qui se brise dans les camions verts, les sirènes, les cris, les cloches, toute cette vie que je n’entendais plus, toute cette agitation me saisit à nouveau, m’aspire, me broie. Le moment de grâce est passé. La rue m’a sorti de mon monde, c’est dans la rue que je retrouverais la ronde des mots.
Cette fois-ci mes jambes donnent le rythme, toujours une histoire de rythme. Et quand la musique revient, les paroles ne sont plus très loin. Je marche plus vite, je chante, je chante plus fort, je marche encore. J’ai l’air, mais pas la parole. Les mots cherchent un passage, s’ouvrent sur des éclats de rire, des éclaboussures, des mûres inaccessibles, des genoux écorchés. Les images défilent, à toute allure. Tout y est, intact, la couleur des bicyclettes, la moiteur de l'air, la pente exacte de la route, ses courbes, ses nids de poule, la longue descente, un peu plus loin, à l'ombre des platanes, vertigineuse, l'ombre au retour, qui ne parvient pas à nous rafraîchir, la dernière côte, les derniers mètres...
Les mots que j’ai cueillis à la volée, montent l’escalier, quatre à quatre. J’ai hâte de les voir sur la page, battre la chamade. J’ai peur de les perdre, de perdre ce battement là, le temps de mettre la clé dans la serrure, d’ouvrir la porte, de ré-ouvrir le champs où s’est arrêtée la bataille. Et je les vois, ils se déroulent avec une régularité presque mécanique, ils s’imposent, sous mes doigts, ils se congugent au passé simple, ils ont repris le cours des choses, tout simplement.