vendredi 8 août 2008

drôle d'endroit pour une drôle de rencontre

De très loin, dans ce noir opaque, j’avais perçu un soupçon de clarté. Une fois arrivée dans cette zone de lumière intense, je fus totalement éblouie. Il n'y avait rien là pour perturber la blancheur silencieuse des lieux, rien, pas un souffle, pas un bruit, pas âme qui vive. Je me suis perdue entre les nuages, gros morceaux de coton, ballons aérostatiques, engins stratosphériques, sortes d’abris capitonnés pour parcourir des cieux tourmentés. En m’approchant davantage, j’aperçus une silhouette blanche. L’homme souriait et semblait m’inviter à approcher. L’homme souriait encore et de la main, insista chaleureusement pour me faire franchir le passage, sorte de mur blanc et vaporeux qui se présentait devant moi. Les yeux brillants et brûlants de cette lumière vive, je découvris derrière ce mur nuageux, un immense et somptueux paysage. C’était comme une toile virtuelle que je pouvais traverser aussi facilement que le mur de nuage. J’ai traversé des nuages et des paysages, j’ai croisé des silhouettes blanches, lumineuses, souriantes, j’ai survolé plus que marché dans ces lieux sans temps et sans frontières. J’ai parcouru des espaces infinis sans sentir aucune fatigue, ni aucune faim. J’étais vêtue de blanc moi aussi. Je ne m’étais jamais sentie aussi légère, comme si ici, je n’étais plus soumise aux lois de la pesanteur. Et tandis que je m’interrogeais sur le poids de mon âme, l’appel soudain de l’éternité, le fil de ma vie... une silhouette blanche approcha.
“Sur Terre, me dit-il, l'âme, comme un ballon captif, est prisonnière du corps. Bien souvent, c’est lors de la mort, qu'il est possible, pour l'intéressé, de vérifier si son âme monte ou descend. Elle peut même descendre encore bien plus bas que le niveau du corps, descendre tout au fond de la Terre. Et lorsque l'on fait le bilan de sa vie, on peut voir si l'âme est repartie plus haute ou plus basse qu'elle n'était arrivée. Ce bilan ne se fait pas sans l'aide de guides. Et c’est moi, qui ai été désigné pour t’aider, moi, l’homme à la tête de chou. Je suis arrivé ici en mars 1991du calendrier terrien et depuis je t’observe” -“Quoi, tu me vois, tu m’observes depuis tout ce temps ? Et c’était toi tout à l’heure qui m’a fait passer le mur de nuages ?“ “Oui c’était moi, le passeur. Ici on est si lumineux que l’on ne reconnaît personne au premier abord” “Et tu sais tout de moi?” “Oui tout. Pour conserver cette légèreté que tu ressens depuis ton arrivée, tu devras te débarrasser de tous le poids qui a chargé ta vie. Tu es belle vue de l'extérieur Hélas, je connais tout ce qui se passe à l'intérieur C'est pas beau même assez dégoûtant Alors ne t'étonne pas si aujourd'hui je te dis va-t'en Va te faire voir, te faire voir ailleurs”. Je m’apprêtais à rebrousser chemin “Pauvre idiote tu rêves tu planes Me traites de fauché de plouc De minable d'abominable bouc Qu'importe, injures un jour se dissiperont comme volute” “Mais non, ne pars pas, ton esprit doit être sauvé, sache que l’esprit garde toujours sa légèreté. C'est seulement le poids accroché au ballon qu’il va falloir alléger de toutes ces scories. Et je vais t’aider. “Mais où suis-je ? “ “Pauvre petite chose Cueillie à peine close Par les doigts du destin As-tu gagné au change Es-tu avec les anges Ou bien n'es-tu plus rien ?” “Ou ça les anges, en es-tu un ? "Puisque je te le dis, je suis ton ange, ton passeur, ton peseur d’âme. "Rendre l'âme, d'accord, mais à qui ?" "eh bien à moi c’est moi l’élu, ton élu, l’élu de ton coeur. Livre toi, livre moi ton toi pour l’éternité. Si le passé est amnésique Et le futur hypothétique Le présent étant chimérique Il ne restera de nos nuits que Quelques mots d'amour sur bande magnétique". Et si le paradis n’était qu’un rêve, une idée chimérique, pour consoler les âmes en peine? Et si on pouvait le voir sur images numériques juste pour y croire, juste pour l’espoir.