vendredi 15 janvier 2010

nuit blanche

"Dis-donc, tu devrais pas être couché à cette heure-là ?" C'est une des phrases que j'ai entendues le plus souvent dans ma vie. Si je reste souvent éveillé la nuit, c'est peut-être par esprit de contradiction.
Beigbeder dans "un roman français"

Ai-je entendu ça moi aussi ? C'est probable. Petite dernière, je devais me résigner à aller au lit quand eux, les parents et les grands restaient à table, au salon ou devant la télévision.
Les plus lointains souvenirs m'emmènent vers une peur, la peur des petits à aller dans le noir, la peur d'aller seule dans ma chambre, de traverser une pièce puis une autre pour aller tout au bout de la maison, là où était notre chambre. Peu de temps après ma soeur venait me rejoindre. Pourquoi fallait que j'aille me coucher bien plus tôt puisqu'elle ne tarderait pas à me réveiller. Je me souviens de la peur, pas du moment où je n'étais plus seule dans notre chambre. La suite était sans importance, la suite était rassurante, douce et le sommeil nous gagnait bientôt toutes les deux.
Je me souviens d'une époque moins lointaine où nous ne partagions plus la même chambre. Je devais encore et toujours me coucher de bonne heure, bonheur. En fait j'attendais que tout le monde soit couché, que tout le monde soit endormi, pour savourer sans crainte mes premières cigarettes. J'ai appris à ce moment là à égrainer les heures de la nuit sans dormir.
Et puis plus tard, j'ai appris à aimer tant la nuit qu'il me fallait en profiter absolument. J'aimais lire la nuit, j'aimais les gens de la nuit, j'aimais les fêtes, je n'avais plus peur du noir, je passais des heures à chercher les étoiles, à peaufiner une idée, à bâtir des châteaux en Espagne.
Aujourd'hui, la nuit et le jour se confondent, le sommeil se défile. Quand bien même je me couche épuisée, il s'éclipse. De quoi ai-je peur ? A peine j'ai fermé les yeux, il me nargue, il a envie de jouer, avec les étoiles, avec les pensées. Les moutons, les prières n'y peuvent rien, il s'agite dans ma tête, tourne en boucle et si c'est lui le sujet premier de mes préoccupations, c'est la nuit blanche assurée.