dimanche 28 septembre 2008

portrait à multiples facettes

Un silence presque religieux régnait dans l'atelier. L'odeur de térébenthine, comme celle de l'encens, conférait au lieu quelque chose de sacré. J'entrais tout doucement. J'avais promis d'être sage. Je me faufilais comme un chat jusqu'à son chevalet et là, je grimpais sur un tabouret pour m'asseoir sur la table qui était derrière lui. Bon poste d'observation, des heures sans bouger, sans dire un mot, pour ne pas manquer le moment, l'instant où d'un fond de couleurs éparses et confuses, sortirait clairement les traits d'un visage familier, les traits clairs et calmes de ma mère, toujours les mêmes et toujours différents.
Et chaque fois de ces couleurs si chaudes certains soirs de septembre et si bleues l'hiver, dans ces effets de feu ou de glace, je croyais voir surgir quelqu'un d'autre mais chaque fois, c'est elle que je reconnaissais, à la courbe de ses yeux, à l'inclinaison de sa tête. Puis, son visage clair et bleu se chargeait de noir, comme si la colère ou la peine l'avait fait changer d'humeur et je regrettais longtemps qu'il n'ait pas garder sa douceur. Je me retenais de dire "stop, non arrête, elle est jolie comme çà".
Chaque fois, il creusait ça et là une empreinte de la vie, une trace, une ombre et le noir en s'épaississant finissait par effacer les traits de ma mère.
Chaque fois, j'étais étonnée de l'avoir vue, elle, c'était bien elle, là où elle n'était plus; et de voir à sa place, un étranger, une étrangère, un visage inconnu.

lundi 1 septembre 2008

fin août début septembre

Quand j'ai choisi "fin août début septembre" comme sujet, j'avais bien en tête le titre du film, un joli titre, mais pas son histoire. J'avais en tête cette brève période de l'année où l'été n'en finit pas d'en finir, cette période bénie où les enfants commencent à s'ennuyer, ce temps plus doux où le jour commence à baisser, cette saison qui pour certain sent la grisaille, les impots, la rentrée et qui pour moi jusque là était comme une occasion de tourner la page, d'ouvrir un nouveau cahier, de commencer une nouvelle année.
Alors quand j'ai été voir de plus près le synopsis du film, je ne m'attendais pas à trouver une histoire qui dure toute une année, une histoire déchirée, la fin de la vie d'un ami, la fin d'un amour, le début d'un autre... Alors fin août début septembre s'assombrit tout à coup, s'alourdit du poids des mois et des difficultés, du poids des années. Fin aout début septembre aujourd'hui, revêt des teintes d'ennui et de pluie, pas celles des vacances et du temps de l'innocence, celles qui donnaient libre court à l'imagination et grâce auxquelles on découvrait des livres interdits, non des teintes plus sourdes, plus profondes, qui s'insinuent et se répandent malgré tout, malgré soi, des teintes plus sombres, des traînées de poudre, des traces indélébiles. Est-ce parce que l'été n'a pas tenu ses promesses, est-ce parce que, l'attendant toujours, je reste sur ma faim ? C'est cela et c'est autre chose aussi. Le film réveille des souvenirs, des histoires d'amour qui finissent trop tôt, des histoires trop courtes, des vies arrachées comme des pages de cahier, des feuilles envolées.
Bien loin des vacances convoitée, août cette année était désolé, orageux, mouillé alors septembre je voudrais que ce soit clair, lumineux, merveilleux même, je voudrais que ce soit comme une page blanche où l'histoire qui s'écrit a un bel avenir devant elle.