vendredi 4 mars 2011

fil rouge


Je rentre chez moi par le chemin des écoliers, je flâne le nez en l'air, l'air est pur, le ciel est clair, froid, rien ne presse, les jours rallongent. Je marche, descends les escaliers, tourne à gauche, marche encore puis m'arrête, attirée par quelque chose, je ne sais pas encore quoi, je reviens en arrière, c'est un pull, un pull rouge sous cellophane, un pull magnifique, on dirait du cachemire, doux et lisse, soyeux, vif et comme neuf dans son emballage translucide, il trône au dessus d'une poubelle. Un peu plus loin, des SDF m'avaient fait signe, ici le cachemire se donne, je continue sur mes pas, curieux ce don inattendu, ce rouge dans la grisaille, ce luxe dans la rue triste, mais qui l'emportera ? Je fais quelque pas et vois sur la chaussée un collier rouge, restes de collier aux perles à moitié écrasées. Je traverse, un bonbon acidulé emballé de rouge est tombé entre les voies. Curieux ce rouge depuis quelques mètres qui m'attire comme les cailloux du petit Poucet. Pull, collier, bonbon, signes, aimants, commencements, et si je tenais là le début d'une histoire simple, une jeune femme et un enfant, une voiture qui ne s'arrête pas, pas question de retourner en arrière, tant pis pour le bonbon, tant pis pour le collier, elle ne sait pas encore qu'elle l'a perdu, il l'a vu lui mais il ne dit rien, la voiture est déjà là, le collier crisse. Plus loin, plus très loin de chez moi, de chez elle, il y a un homme au chapeau large et au pantalon rouge, clown triste des temps modernes, joie feinte, masque délibéré. Attirée par le rouge, j'ai marché un moment. Au delà des hasards poétiques et fugaces, j'ai trouvé du rouge et encore du rouge, là une vieille 2CV, à droite une porte cochère d'un beau rouge et plus haut une fenêtre au chambranle rouge… je rentre plus riche de ce parcours joyeux, le rose aux joues et le coeur regonflé, l'envie de raconter, d'inventer, de jouer à nouveau.

Aucun commentaire: